La presse s’est fait l’écho récemment de la dénonciation par Marion Lemesre, députée régionale MR de Bruxelles, des initiatives prises par deux mamans musulmanes qui, soucieuses de donner à leurs enfants une éducation strictement religieuse, ont choisi d’éduquer leurs enfants en famille parce qu’elles ne font confiance ni à l’enseignement maternel, ni à l’enseignement primaire.
Toutes les études montrent que les enfants qui ne sont pas scolarisés au niveau maternel sont pénalisés lorsqu’ils arrivent en primaire par rapport aux enfants qui ont bénéficié d’une scolarisation en classes maternelles. C’est vrai, en particulier, pour les enfants dont la langue parlée à la maison n’est pas le français et dans les familles peu préparées à assumer des apprentissages de type scolaire. L’échec scolaire commence ainsi dès le début de la scolarité, et c’est la raison pour laquelle beaucoup de spécialistes recommandent d’abaisser l’âge de l’obligation scolaire à cinq ans.
La Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente, asbl, est de cet avis, et considère que l’initiative de ces mamans, loin d’augmenter les chances de réussite de leurs enfants, les pénalisent au contraire.
Il convient sans doute de faire la différence entre l’éducation (qui implique la transmission des convictions familiales et qui se fait en famille, tandis que les activités éducatives à l’école permettent de découvrir les autres systèmes de valeurs et la diversité des opinions) et l’instruction (qui implique une activité d’enseignement, effectuée par des professionnels, formés pour faciliter les apprentissages et où la contribution des parents vient en soutien de la formation scolaire).
En choisissant de ne pas mettre leurs enfants à l’école, les parents les privent de l’immense apport qu’est la socialisation. En les retranchant de la vie sociale, ils réduisent leurs chances de les voir s’intégrer facilement plus tard dans la société. Croyant protéger leurs enfants de l’influence d’institutrices considérées comme « mécréantes », ces parents courent le risque de suivre, en pleine confiance, les conseils aberrants de soi-disant « savants », non du fait de leurs compétences éducatives (ils n’ont pas cette compétence), mais parce qu’ils se revendiquent de leur foi.
La Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente, asbl, invite, au contraire, ces parents à renouveler leur confiance dans les écoles publiques qui, philosophiquement et religieusement, sont neutres, et à s’impliquer dans la vie de l’école qu’ils choisissent pour leurs enfants, afin d’en tirer le meilleur.
Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente, asbl Le 23 janvier 2013