Cours de Philosophie et de Citoyenneté : un pas en avant !

Mardi 20 septembre 2016

Communiqué de presse: le Bureau exécutif de la Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente, asbl, se félicite de la mise en route du nouveau cours de philosophie et de citoyenneté dans l’enseignement primaire qui débute ce 1er octobre 2016. Pourtant, il faut aller plus loin !
Désormais, tous les enfants de l’enseignement officiel bénéficieront d’un cours commun de philosophie, adapté à chaque âge, qui permettra aux enfants : - de (se) questionner méthodiquement (douter, critiquer, formuler des questions) ; - de construire une pensée personnelle (sortir des fausses évidences et des préjugés) ; - de développer leurs compétences logiques (raisonnement, argumentation) ; - de découvrir l’évolution des idées et du fait religieux. Le cours permettra aussi aux élèves de développer leurs connaissances civiques (les institutions, les règles de vie, le principe de la légalité) et les compétences qui leur permettront de devenir des citoyens actifs et responsables (prendre une décision collective, voter, représenter ses camarades, etc.). Le Bureau de la Ligue considère que ce nouveau  cours, donné à tous les enfants à raison d’une heure par semaine, et qui peut être complété d’une heure de renforcement, à la place de l’heure restante de morale ou de religion, est un premier pas positif. Sur un plan politique, la formule de compromis adoptée par le Gouvernement de la communauté française (FWB) n’est cependant pas satisfaisante pour plusieurs raisons importantes. Pour un cours de philosophie et de citoyenneté dans le libre confessionnel Le décret du 22 octobre 2015 relatif à l’éducation et au cours de philosophie et de citoyenneté instaure une inégalité entre les élèves de l’enseignement libre, qui sont privés de ce nouveau cours, et les élèves de l’enseignement officiel subventionné qui en bénéficient. En effet, le cours est certificatif et obligatoire dans l’enseignement officiel. Comment les élèves de l’enseignement libre seront-ils désormais certifiés, de manière valide, puisqu’ils ne suivent pas ce même cours. La Ligue s’interroge, comme le Conseil d’Etat dans son avis du 7 septembre 2015, sur la constitutionnalité de cette différence. Le Bureau de la Ligue plaide pour que, dans l’enseignement libre, un cours d’une heure de philosophie et de citoyenneté soit également organisé et que les élèves puissent également être dispensés de la deuxième heure du cours de religion, pour avoir 2 heures de philosophie et de citoyenneté, comme dans l’enseignement officiel. Le cours de philosophie et de citoyenneté répondra au vœu des parents qui inscrivent leurs enfants dans l’enseignement libre sans être catholiques, et qui préféreraient un renforcement de la formation générale de leurs enfants, au lieu d’un cours de catéchisme. Des horaires compliqués, des élèves séparés sur base de leurs convictions Dans l’enseignement officiel, l’adjonction du cours de philosophie et de citoyenneté, qui remplace partiellement seulement, les cours de religion et de morale non confessionnelle, va compliquer encore davantage l’établissement des horaires de cours. De plus, la distinction faite entre les élèves, sur base de leurs convictions morales et religieuses, à travers le choix d’un cours de religion ou de morale non confessionnelle, est en contradiction avec l’esprit de la neutralité de l’enseignement officiel. Changer la Constitution Le Bureau de la Ligue considère que l’éducation religieuse est de la responsabilité des parents et devrait être organisée en dehors de l’école. Le Bureau de la Ligue considère donc  que la création du cours de philosophie et de citoyenneté d’une heure par semaine est une étape.  Il faut viser le changement nécessaire de l’article 24 de la Constitution, qui met à charge de la collectivité, l’éducation morale et religieuse durant toute l’obligation scolaire. Clarifier la fonction de maître de philosophie et de citoyenneté Le Bureau de la Ligue condamne fermement la sorte de schizophrénie dans laquelle le décret du 22 octobre 2015 et le décret du 13 juillet 2016[1] placent les enseignants, qui pourront, à la fois être chargés des cours de philosophie et de citoyenneté et d’un cours de religion ou de morale non confessionnelle.  Rappelons que les cours de religion et de morale non confessionnelle sont des cours engagés, dans lesquels l’enseignant témoigne de ses convictions personnelles ; tandis que le nouveau cours de philosophie et de citoyenneté est neutre et requiert de l’enseignant qu’il garde une attitude d’impartialité dans la recherche de l’objectivité. Comment un enseignant pourra-t-il, tantôt être « engagé » et tantôt « neutre » ? Comment les élèves pourront-ils considérer leur enseignant comme « neutre » s’ils le connaissent d’abord comme le professeur de religion ou de morale laïque de l’école? Le Bureau de la Ligue considère, au contraire, que la création d’une véritable fonction de maître de philosophie et de citoyenneté, implique de distinguer nettement celle-ci, de la fonction des maîtres de religion et de morale non confessionnelle. Le Bureau de la Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente, asbl Le 12 septembre 2016.

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