Compétences de demain: Numérisation de l’économie, quels risques pour l’emploi?
Jeudi 9 janvier 2020
La numérisation de l’emploi, ou l’emploi 4.0 est une révolution complexe qui pourrait changer le monde du travail. En effet, le dernier rapport des économistes de l’OCDE[1] estime que 14% des emplois pourraient, à terme, être réalisés par des robots ou ordinateurs. Néanmoins, l’OCDE ne sous-estime pas l’impact de la révolution numérique et ajoute que plus de 30% des travailleurs devront affronter une modification de la nature de leur emploi. Parallèlement à cela, le numérique pourrait engendrer la création de nombreux emplois et réduire la pénibilité au travail. En effet, pour chaque emploi qui disparaîtra en raison de la numérisation, 3.7 nouveaux seront créés.[2] La numérisation de l’économie est donc une arme à double tranchant: d’un côté elle permet des prouesses techniques jusque là inespérées, de l’autre elle représente une pression sur le marché de l’emploi et une nécessaire adaptation.
Un immobilisme risqué
Selon l’étude «Be the Change» menée par Agoria[3] (organisation d’employeurs et association professionnelle de Belgique), les conséquences de l’immobilisme face à l’avancée technologique seraient désastreuses tant pour les entreprises que pour les individus. En effet, selon l’étude, l’immobilisme engendrerait plus de 584 000 postes vacants à l’horizon 2030. Par ailleurs, sans adaptations, de nombreux emplois pourraient rester vacants dans le secteur des soins de santé, de l’IT et de l’enseignement.
Une adaptation nécessaire
L’enjeu n’est donc pas la perte pure d’emploi mais la capacité qu’auront les entreprises à s’adapter aux nouvelles technologies et d’exploiter toutes les compétences de leurs employé·e·s. De leur côté, les individus devront pouvoir réaliser de nouvelles tâches technologiques jusque-là inconnues afin d’être en mesure d’assumer des nouveaux métiers. Pourtant, selon l’OCDE, aujourd’hui, 6 adultes sur 10 n’ont pas les compétences de base en TIC ou n’ont aucune expérience en informatique. L’hybridation des travailleur·se·s sera donc favorisée et recherchée chez les individus qui devront développer de nouvelles compétences tout au long de leur vie professionnelle. Il est donc important de proposer de nouvelles formations et de mettre à jour les contenus des savoirs inculqués tant à l’école qu’en formation continue.
Repenser le système de solidarité
Les dangers de la numérisation croissante de l’économie sont palpables. En effet, est-ce que tous les individus seront capables de s’adapter au monde de demain? Pourrons-nous tous rencontrer les exigences du terrain de l’emploi? Face à ces incertitudes, certains théoriciens des nouvelles technologies, tel que McAffe, préconisent une refonte de notre système social via l’instauration d’un revenu universel ou l’adoption d’un impôt négatif permettant ainsi de répondre aux inégalités croissantes de nos sociétés.
[1] . L’avenir du travail, Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2019, éléments marquants www.oecd.org/fr/emploi/Perspective-de-emploi-2019-Highlight-FR.pdf [2] Pourquoi il faut se préparer aux métiers numériques de demain www.lalibre.be/debats/opinions/pourquoi-il-faut-se-preparer-aux-metiers-numeriques-de-demain-5d232a7ed8ad5815cb7756be [3] www.agoria.be/fr/BeTheChange