Convergence ou divergence dans l’enseignement : il faut choisir
Convergence ou divergence dans l’enseignement, il faut choisir.
Durant l’été, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a pris différentes décisions concernant l’enseignement. Nous en retiendrons trois :
- le projet de diminuer la dotation de fonctionnement des établissements organisés par la Communauté française pour amener les subventions de fonctionnement de l’enseignement libre à 75% du financement des écoles de la Communauté française ;
- la communication écrite aux parents, des frais scolaires réclamés par les écoles ;
- l’instauration de l’Epreuve Externe Certificative en fin de secondaire rendue obligatoire à partir de juin 2015.
La diminution du budget de fonctionnement des écoles de la Communauté française: inacceptable !
Pour aligner les moyens financiers de l’enseignement privé confessionnel, le gouvernement réduit ceux de l’enseignement officiel public neutre. C’est inacceptable !
Les accords de la Saint-Boniface (2001) avaient prévu
d’amener progressivement les subventions de fonctionnement de l’enseignement libre à 75% de la dotation de fonctionnement des établissements organisés par la Communauté française. Il s’agissait alors de répartir les moyens financiers qui résultaient du refinancement de la Communauté française. En 2001, la Ligue de l’Enseignement avait dénoncé les accords de la Saint-Boniface, considérant que l’enseignement dit « libre » devait assumer son caractère, privé et confessionnel. Elle ne peut aujourd’hui que dénoncer l’aspect scandaleux de ce nouveau rebondissement.
La décision va en effet dans le mauvais sens : au lieu de rapprocher les établissements des différents réseaux et progresser vers plus de convergence, elle les met en concurrence, le profit des uns étant le déficit des autres, dans un jeu de dupes à somme nulle.
En conséquence, la Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente, asbl, exige
la non application de la mesure budgétaire envisagée par le gouvernement de la FWB dans le budget 2014.
Les frais scolaires mieux encadrés : une bonne décision
Le Parlement de la Communauté française a adopté, ce 17 juillet 2013, un ensemble de mesures
, parmi lesquelles
, un meilleur encadrement des frais scolaires réclamés par les établissements scolaires aux parents en début et en cours d’année scolaire. La mesure est directement d’application en septembre 2013 dans le secondaire,
et elle le sera en 2015 dans le fondamental.
La Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente, asbl, considère que c’est une bonne mesure. Elle va dans le sens de placer progressivement les écoles des différents réseaux sur un pied d’égalité. Surtout, elle apporte une meilleure protection aux parents en clarifiant ce qui peut leur être réclamé financièrement. Bien que la mesure n’assure pas la gratuité complète de l’enseignement obligatoire, elle y contribue en clarifiant les règles du jeu.
L’instauration de l’Epreuve Externe Certificative à la fin du secondaire
L’Epreuve Externe Certificative (EEC) comprendra un test en histoire pour les sections de transition et un test en français portant sur différentes compétences, encore à déterminer, dans les sections de transition et de qualification. Ces évaluations seront obligatoires et certificatives à partir de juin 2015. Des épreuves facultatives seront, par ailleurs, expérimentées
en mathématiques et en sciences.
L’EEC vient compléter la panoplie d’instruments d’évaluation externe certificative qui se sont progressivement mis en place depuis le décret « Missions » (1997), via le décret du 2 juin 2006, relatif à l’évaluation externe des acquis des élèves de l’enseignement obligatoire et au certificat d’études de base au terme de l’enseignement primaire.
Que faut-il en penser ?
Les évaluations externes sont-elles efficaces et utiles ? Permettent-elles de se faire une opinion correcte du niveau de performance du système éducatif ? Assurent-t-elles correctement le passage d’un niveau d’enseignement à l’autre ? Permettent-elles d’apprécier correctement le travail d’enseignement effectué ? Contribuent-elles correctement à l’élaboration de la réputation des établissements scolaires ? Garantissent-elles le niveau minimum requis des élèves dans les degrés supérieurs de l’enseignement ?
La question a fait débat durant l’été à propos du CEB. Comment expliquer, en effet, un tel taux de réussite (plus de 98%) quand le taux d’échec en secondaire est si important
. ? Le CEB est-il trop simple, mal adapté, mal conçu… ? Faut-il le renforcer, l’étoffer, le compliquer… ? Faut-il relever le pourcentage requis pour la réussite ? Gageons que le débat rebondira, plus virulent encore, lorsqu’il s’agira de comparer les résultats à l’EEC et le taux d’échec en première année de l’enseignement supérieur.
La faute aux épreuves ? Ou le mal est-il plus profond ?
Pour la Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente, asbl, les évaluations certificatives externes montrent surtout le manque de continuité du système éducatif, qui explique qu’on puisse bien réussir les épreuves et échouer l’année qui suit :
- manque de continuité d’une année à l’autre, d’un degré à l’autre, d’un niveau à l’autre ;
- manque de continuité d’une classe à l’autre, d’une école à l’autre, d’un réseau à l’autre, d’une zone géographique à une autre.
Comment n’en serait-il pas ainsi, dans un système qui fait de la liberté d’enseignement, une vertu, et qui, ce faisant, donne une prime à la différenciation sans limite de l’offre d’enseignement au sein du système éducatif ? N’est-ce pas une illusion que de vouloir évaluer, avec une même épreuve, des élèves préparés d’une façon aussi diverse ?
En conséquence, la Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente plaide pour davantage de continuité et de cohérence du système d’enseignement.
Le Bureau exécutif de la Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente, asbl
Le 3 septembre 2013