Changer de regard sur l’autisme et adapter notre enseignement devient urgent

Jeudi 22 mars 2018

Ces troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont des troubles du développement humain caractérisés par des difficultés de l’apprentissage social et de la communication. Un enfant sur 150 voire sur 100, selon les chercheu.r.se.s, est autiste. Ces troubles se développent de manière générale avant les 3 ans de l’enfant. Par ailleurs, selon des études, la prise en charge précoce de l’autisme permettrait d’aller beaucoup plus loin dans le développement des capacités futures de ces enfants. Si des places et des classes inclusives ont été créées grâce au Plan Autisme, en cours depuis avril 2016, ce trouble du développement est toujours en augmentation, pris en charge tardivement et de manière suffisamment peu adaptée.
Pour optimiser l’accompagnement auquel chaque enfant devrait avoir accès, il faudrait que tous aient l’occasion d’être entourés et sociabilisés. Or, lors des auditions qui ont eu lieu au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il est ressorti que seulement 70.000 enfants sur 170.000 fréquentaient un milieu d’accueil de la petite enfance. Du côté des consultations de l’ONE, il ressort qu’à l’âge d’un an, seulement 76 % des enfants auront transité par une consultation et à peine, 56 % à l’âge de 2 ans. Comme le soulignait la députée Catherine Moureaux (PS), cela fait « une large proportion de 85.000 à 100.000 enfants qui risque d’échapper à tout diagnostique ». La chercheuse canadienne Michelle Dawson, Docteur honoris causa de l’université de Montréal, est une spécialiste mondialement reconnue de l’autisme. Pour elle, il faut totalement changer notre regard sur ce trouble car, malgré leurs difficultés à communiquer et à interagir, et malgré leurs comportements répétitifs, « les autistes ne sont pas des versions défectueuses de monsieur et madame Tout-Le-Monde [1]» Plan Autisme : aller plus loin Que fait notre enseignement francophone pour inclure les enfants et les jeunes autistes dans les écoles ? Depuis le mois d’avril 2016, un Plan Autisme destiné à améliorer le quotidien des personnes autistes, leurs familles et leurs proches, a été mis en place de manière transversale par le ministre wallon de la Santé et de l’Action sociale, Maxime Prévot, la ministre bruxelloise du Handicap, Céline Fremault, la ministre francophone de l’Éducation, Marie-Martine Schyns et celle de la Petite Enfance, Alda Greoli. Il s’articule autour de 8 axes : l’état des lieux des demandes d’accompagnement et des places disponibles, le dépistage, l’information et la sensibilisation, la formation des professionnels, des parents ou de l’entourage, l’encadrement adapté, le suivi, la participation à la vie sociale et la thématique du transport. Pour les enfants et les jeunes autistes, un recensement était prévu au départ de l’enseignement. Un listing des places disponibles pour les pédagogies adaptées dans les écoles maternelles et primaires est disponible sur le site www.placesecolesmaternellesetprimaires.cfwb.be. Mais la problématique des places dans le secondaire reste pour le moment sans réponse. L’objectif fixé par la ministre Schyns d’obtenir une liste pour le secondaire à la rentrée 2017 n’a pas été atteint. Elle souhaite également mettre en circulation une liste des autres lieux d’accueil existants. Côté formation du personnel des établissements scolaires, une fiche spécifique « autisme » doit être mise à leur disposition ainsi qu’un manuel destiné aux classes accueillant des élèves avec autisme. Le projet de classes inclusives a été développé avec l’aide de CAP 48 et vise à inclure une classe d’enfants différents dans une école ordinaire. Il ne s’agit pas exclusivement d’enfant atteint d’autisme mais également d’enfants avec des besoins spécifiques qui y perdraient beaucoup en étant retirés de l’école. [1] Verdo Yann, “L’autisme, une autre forme d’intelligence ? », publication Les Échos, internet : www.lesechos.fr/06/10/2014/LesEchos/21786-048-ECH_l-autisme--une-autre-forme-d-intelligence--.htm
Hugo Horiot était enfermé dans ces symptômes visibles de l’autisme étant enfant, mais ses parents n’ont pas fait le choix de le mettre dans une institution spécialisée. Il est allé à l’école. Aujourd’hui, il est comédien. Il prend part à cette vidéo et défend l’enjeu inévitable pour notre société de s’adapter à l’autisme. Il parle de "stopper cette charité et accueillir ces intelligences différentes dès l’école afin de les aider à se développer au lieu de continuer à les mettre en situation de handicap". Une vidéo du magasin d'information Brut live

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