« Quelle scolarité dans les IPPJ ? – Les Institutions publiques de protection de la jeunesse face à l’enjeu éducatif » (Une étude de la Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente, asbl – auteur : Valérie Silberberg, responsable du secteur Communication)
Décrochage scolaire, renvois, absentéisme, démotivation, échecs, situations sociales précaires, toxicomanie, délits, les adolescents placés en Institutions publiques de protection de la jeunesse (IPPJ) ont bien souvent derrière eux un parcours de vie chaotique. La mission des IPPJ est de les aider à se réintégrer dans la société et, ultimement, d’éviter que, pris dans l’engrenage des récidives, ils ne se retrouvent, une fois majeurs, en prison. De ce point de vue, la rescolarisation des jeunes est un enjeu important. De l’analyse des témoignages recueillis auprès des équipes enseignantes de 3 IPPJ, résultent 12 propositions d’améliorations de l’enseignement dispensé dans les IPPJ. En voici les principales…
Le décrochage scolaire
Le contrôle de l'obligation scolaire devrait être renforcé afin d'intervenir plus tôt auprès de jeunes qui ne trouvent pas leur place dans le système scolaire traditionnel. Les enseignants des IPPJ estiment en effet que leur mission intervient trop tard, au moment où ces jeunes ont déjà accumulé une succession d'échecs, de démotivations et de désillusions.
La certification des acquis
L’enseignement dispensé par les IPPJ est assimilé à l’enseignement à domicile. Les compétences acquises par les jeunes durant leur placement ne sont pas certifiées. Il faudrait dès lors permettre aux équipes enseignantes des IPPJ de certifier la scolarité des jeunes, ce qui favoriserait la reconnaissance du travail accompli par les professeurs dans ces institutions, mais aussi l’investissement des jeunes qui n’auraient plus l’impression de perdre leur temps.
Les collaborations entre l’Ecole et les IPPJ
Pour optimiser le raccrochage des jeunes, un rapprochement serait plus que souhaitable entre l’enseignement de plein exercice et les IPPJ. Les contacts devraient être formalisés afin d’offrir aux jeunes la meilleure réinsertion scolaire possible. Ce rapprochement devrait avoir lieu :
- à l’entrée des jeunes au sein des IPPJ et durant leur placement, par la création ou le maintien des contacts avec les établissements scolaires extérieurs (transferts des cours, des examens, suivi des dossiers des élèves…) ;
- à leur sortie, en facilitant leur (ré)inscription et leur réintégration dans le système scolaire traditionnel (suivi des dossiers et des données sur les jeunes…).
Une collaboration étroite avec les établissements scolaires extérieurs favoriserait également une réinsertion scolaire plus en douceur pour les jeunes qui sortent des IPPJ. Aujourd’hui, le contraste entre la réalité des IPPJ et celle de l’enseignement de plein exercice ne favorise pas une réintégration optimale.
C’est pourquoi il serait également souhaitable :
- d’étendre la possibilité d’intégrer progressivement une école extérieure pour le jeune en fin de placement, afin qu’il puisse s’habituer à un autre contexte, dans des classes plus peuplées… ;
- de prévoir une espèce de sas entre l’IPPJ et l’établissement scolaire extérieur, avec des classes de taille moyenne et un enseignement situé entre l’individualisation et le groupe ;
- de pérenniser la reprise de confiance du jeune.
La remédiation
La remédiation devrait également trouver sa juste place dans l'enseignement traditionnel pour des jeunes qui ont du mal à suivre les cours. L'individualisation, méthodologie unanimement mise en place dans les IPPJ, permet de restaurer et de maintenir la confiance dans l'adulte-enseignant. Elle permet également de mieux se centrer sur les carences et les besoins des jeunes, de travailler le réflexe scolaire et de miser plus sur les compétences que sur les matières. Il faudrait dès lors que les établissements scolaires extérieurs prévoient une plage horaire entièrement consacrée à la remédiation afin de sortir le jeune en difficultés du groupe-classe et de s'occuper de ses problèmes plus spécifiques.
Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente, asbl
Le 4 février 2013