PISA : Pourquoi les résultats des filles diminuent ?

Lundi 9 octobre 2017

Les auteures d'une étude de l'ULiège sur PISA 2015 mettent en avant des hypothèses pouvant expliquer la baisse des résultats des filles. Trois chercheuses de l’ULiège se sont penchées sur les résultats chiffrés de l’enquête PISA 2015, parue en décembre 2016 et ayant pour thématique principale, les sciences. Tous les trois ans et depuis la publication de l’année 2000, la Fédération Wallonie-Bruxelles accuse de mauvais résultats et voit sa position au classement, en-deçà de la moyenne de l’OCDE. Pour rappel, cette enquête évalue les compétences des élèves de 15 ans dans 72 pays. Partout dans le monde, PISA suscite les débats. Les réactions vont bon train et se contredisent. Faire parler des chiffres est un exercice délicat et on se doit d’être prudent en interprétant les résultats obtenus. C’est bien évidemment l’objectif prioritaire de ces trois chercheuses de l’ULiège, Valérie Quittre, Françoise Crépin et la professeure Dominique Lafontaine, qui ont souhaité regarder de plus près les chiffres de PISA et tenter de dégager des hypothèses d’interprétation constructives. Au niveau des scores des filles, Valérie Quittre tient à rectifier le tir par rapport à ce qui s’est dit dans la double page du journal Le Soir d’aujourd’hui. « Les filles ne plombent pas les résultats des tests PISA ! Ce n’est pas ce qui ressort de notre étude », étude qui devrait être publiée fin du mois d’octobre, mais pour laquelle Le Soir a eu la primeur. « A l’heure actuelle, nous n’avons pas suffisamment d’explications claires de cette tendance de baisse dans les résultats des filles, notamment en lecture et en mathématiques. Si l’avantage traditionnel des filles se réduit, ce n’est pas parce que les garçons progressent mais parce que les filles régressent ». Perte de confiance ? Plusieurs hypothèses sont avancées par les auteures de l’étude. Elles se demandent si certaines priorités pédagogiques n’ont pas déstabilisé davantage les filles, notamment l’approche par compétences[1], qui s’avèrerait moins transmissive et les impacterait davantage. « Ce qu’on sait, c’est que les filles sont plus anxieuses et en perte de confiance au niveau des mathématiques (prouvé grâce au questionnaire PISA 2012 consacré aux maths). Le test PISA 2015 a connu un changement d’administration puisque pour la première fois, il s’est fait via ordinateur et non plus en format papier. A ce sujet, on sait que les filles se sentent moins compétentes et plus anxieuses aussi par rapport à l’ordinateur… Cela a pu aussi jouer sur leurs moins bons résultats mais ce n’est pas suffisant pour comprendre la régression des filles ». Selon les auteures de l’étude, cette baisse reste pour le moment incompréhensible. « La baisse de niveau des filles belges francophones est beaucoup plus nette qu’ailleurs tout en impactant d’abord les meilleures », met en avant Dominique Lafontaine, avant d’avancer une autre hypothèse : « peut-être que les filles commencent, elles aussi, à se démotiver par rapport à l’enseignement tel qu’il est organisé chez nous… ».   Sources : Bosman, C., Gérard, F. & Roegiers, X., 2000. Quel Avenir Pour Les Compétences ? 1e éd., Bruxelles : De Boeck Université.  

Du même numéro

Articles similaires