La théorie de l’attachement: Bowlby et Ainsworth

Jeudi 2 mai 2019

La théorie de l’attachement: Bowlby et Ainsworth

John Bowlby

 

Développée en 1958 par le psychiatre et psychanalyste John Bowlby et inspirée par les travaux de Donald Winnicott, la théorie de l’attachement explore les fondements des relations entre les êtres humains.

Selon Bowlby, les bases relationnelles de tout individu se forgent et sont déterminées par les relations vécues dans la toute petite enfance. Pour qu’un jeune enfant puisse connaître un développement social et émotionnel équilibré, il doit pouvoir construire une relation d’attachement avec au moins une personne qui prend soin de lui, de façon cohérente et continue (ce que Bolby nomme le «caregiver»). Ce lien d’attachement s’élabore dans la durée, la disponibilité et la qualité des soins.

C’est en pleurant que le nourrisson va manifester ses demandes, ses besoins, ses angoisses. La figure d’attachement pourra y répondre et l’apaiser. Bowlby fait référence principalement à la mère, plus présente dans les premiers moments de vie mais un autre adulte référent est possible. Nourrisson et figure d’attachement pourront alors, si la relation est harmonieuse et sereine, perfectionner leur communication pleurs/réponses au fil de la relation, ce qui générera un bien-être grandissant. Cette figure d’attachement deviendra une base de sécurité pour l’enfant vers laquelle il pourra se retourner en cas de besoin, ce qui lui permettra ensuite, d’explorer le monde.

La manière dont la figure d’attachement va répondre aux demandes de l’enfant (pleurs) sera donc déterminante pour le développement psychique et social de l’enfant puisqu’elle va guider le développement de schèmes d’attachement de l’enfant essentiels pour son futur relationnel. Si l’enfant reçoit une réponse positive à ses demandes c’est qu’il existe et donc qu’il est important. Cette individualisation pourra lui permettre d’évoluer et de développer des relations familiales et sociales positives. De manière générale, l’enfant va s’attacher aux adultes qui vont se montrer sensibles et attentionnés avec lui/elle.

Au cours des années 1960 et 1970, la psychologue du développement Mary Ainsworth étoffera la théorie de l’attachement de Bowlby en y ajoutant la notion d’attachement «sécure» ou «insécure». C’est à partir de ses observations sur le terrain que Mary Ainsworth identifiera différents types d’attachements: les attachements sécures, les attachements anxieux-évitants (insécure), les attachements anxieux-ambivalents ou résistants (insécure) et les attachements désorganisés (insécure). C’est la qualité des soins reçus par l’enfant dans sa toute petite enfance (réponse aux pleurs) qui déterminera le type d’attachement développé par l’enfant.

On peut observer des comportements caractéristiques chez l’enfant en fonction de la nature de l’attachement:

- En cas d’attachement sécure, la figure d’attachement répond de manière appropriée, rapide et cohérente aux demandes de l’enfant. La figure d’attachement devient une base de sécurité pour l’enfant qui en recherchera la proximité en cas de séparation et sera rassuré·e par son retour, sa présence. L’enfant sécure pourra explorer le monde et développer pleinement ses capacités.

- En cas d’attachement évitant, la figure d’attachement ne répond peu ou pas aux demandes de l’enfant et valorise une indépendance exacerbée de l’enfant. La conséquence de cette réponse détachée est un manque d’échange affectif et une introversion des émotions chez l’enfant. Il est insécure. Non entendu, non rassuré, l’enfant ne manifestera pas de signes de détresse en cas de séparation et pas de signes d’apaisement lors du retour de sa figure d’attachement.

- En cas d’attachement anxieux–ambivalent ou résistant, la figure d’attachement offre une réponse incohérente et instable aux demandes de l’enfant. L’enfant est alors perdu et insécure. Il ne pourra pas utiliser sa figure d’attachement comme base de sécurité. Il manifestera un grand stress lors de séparations et cherchera un contact permanent avec sa figure d’attachement. Jamais rassuré par cette dernière, l’enfant vivra perpétuellement dans la crainte de perdre son amour.

- En cas d’attachement désorganisé, la figure d’attachement a une attitude figée, en retrait, négative et parfois violente face à l’enfant. En réponse à cette attitude, l’enfant va craindre sa figure d’attachement et parfois adopter une attitude similaire à cette dernière en lui manifestant de la violence. L’enfant est insécure. Ce type d’attachement apparait essentiellement en cas de violence conjugale, de maltraitance, d’abus…

Marie Versele, secteur communication

mai 2019

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