Billet d'humeur: Bruits et souffrances de guerre

Mardi 26 avril 2022

Patrick Hullebroeck, Directeur

Bruits et souffrances de guerre occupent les médias depuis ce 24 février où la Russie de Poutine a envahi l’Ukraine. Ils suscitent en nous un mélange de colère, d’effroi, de compassion, d’élans de solidarité, mais aussi, d’incompréhension. Car il ne suffit pas d’expliquer les conditions et les raisons d’un conflit ou d’observer la succession tragique des évènements pour en comprendre la signification. La guerre de l’information à laquelle se livrent les belligérants ne simplifie pas la tâche et l’opacité des intentions qui motivent les faits de guerre augmente la difficulté d’identifier le sens des évènements et leurs possibles développements futurs. Sommes-nous à la veille d’un embrasement général? Quelle sera l’ampleur du désastre humanitaire? Quelles seront les conséquences environnementales, économiques, politiques et militaires? Le conflit pourrait-il conduire, à terme, à l’écroulement de la Russie ou à des transformations majeures au niveau européen? L’histoire n’est pas écrite et nul ne pourrait répondre à ces interrogations. Mais il n’est également personne qui ne s’interroge. Les jeunes, en particulier, sont confrontés à cette absence de réponse et l’incertitude pèse d’autant plus sur leur conscience qu’elle a partie liée avec le monde futur dans lequel ils/elles auront à construire leur vie. Et peut-on construire vraiment sur un champ de ruines, alors que déjà, la crise sanitaire et la catastrophe environnementale rendent précaire tout pronostic vital? Dans cette incertitude qui règne, l’école a son rôle à jouer. D’abord pour informer. Ensuite pour montrer les enjeux et la complexité du réel. Mais plus encore peut-être, l’école a-t-elle à cultiver cet art de vivre qui consiste à penser librement et sans partis pris quand les évènements ébranlent toutes nos certitudes. Car il résulte de cette liberté intérieure une volonté dont le courage des populations ukrainiennes témoigne et qu’aucun diktat jamais ne peut briser. Patrick Hullebroeck, directeur Illustration:

Du même numéro

Articles similaires