Âgisme: discriminé·e·s à cause de leur âge

Mardi 11 juin 2019

The portrait of senior woman looking through a magnifying glass over lilac background
«Tu n’as pas pris une ride!», «elle fait jeune pour son âge!», «le petit vieux, le papy», ou alors, dans une file de supermarché: «vous qui êtes vieux, vous pourriez partir en vacances ou faire vos courses à un autre moment![1] »… Toutes ces
réflexions, si elles se veulent parfois bienveillantes, sont âgistes.

Selon l’OMS, «il y a aujourd’hui environ 600 millions de personnes âgées de 60 ans et plus dans le monde. Ce chiffre va doubler d’ici à 2025 et atteindra 2 milliards d’ici à 2050, et les pays en développement compteront la grande majorité des personnes âgées». Pourtant, selon un sondage réalisé par l’organisation, 60% des gens déclarent que les seniors sont discriminés dans notre société et victimes de préjugés.[2] En ce sens, Unia[3] constatait dernièrement une hausse sensible des dossiers ouverts pour des discriminations professionnelles liées à l’âge et toujours selon l’OMS, «bien que l’ampleur de la maltraitance des personnes âgées soit inconnue, son importance sociale et morale est évidente». On définit l’âgisme comme «le fait d’avoir des préjugés ou un comportement discriminatoire envers des personnes ou des groupes en raison de leur âge. L’âgisme peut prendre de nombreuses formes, notamment des comportements fondés sur des préjugés, des pratiques discriminatoires ou des politiques et pratiques institutionnelles tendant à perpétuer les croyances de ce type»[4] . Pour Delphine Roulet Schwab, présidente de la Société suisse de gérontologie et spécialiste des questions de maltraitance envers les seniors, «on sait que l’âgisme est plus fréquent que le racisme et le sexisme. Surtout, il est socialement mieux accepté. Si quelqu’un s’énerve sur la route en disant: ‘Oh, ces vieux au volant!’ cela choquera moins que s’il disait (…) ‘Oh, ces bonnes femmes’!»[5]. Omniprésent, l’âgisme? Sur le site www.agisme.eu, un journaliste posait la question: «Est-il normal, éthiquement, légalement même, que soit autorisée la vente de crème ouvertement dénommée ‘anti-âge’?». De même, dans La Libre du 2 mai 2019, Estelle Huchet, chargée de campagne pour le réseau européen des personnes âgées expliquait: «Le langage en lui-même véhicule les imaginaires âgistes de nos sociétés. Parler de son ‘vieux’ téléphone portable pour sous-entendre qu’il dysfonctionne, c’est associer à la vieillesse un lien de déficience». Un travail de prise de conscience des discriminations liées à l’âge à effectuer? C’est justement ce que nous souhaitons faire, de manière non exhaustive bien sûr, dans ce dossier du mois de juin. Rappelons d’ailleurs quelques faits intéressants: «Beaucoup considèrent le vieillissement comme un problème alors qu’en réalité, il présente de nombreux avantages. Par exemple, les compétences sociales et émotionnelles s’améliorent avec l’âge grâce à la connaissance de soi, à la maîtrise de soi et à la capacité d’entretenir des relations sociales stables que les personnes âgées ont acquises au fil des ans. (…) Les personnes âgées apportent à nos sociétés une contribution importante qui, en grande partie, n’est pas reconnue. Par exemple, partout dans le monde, les personnes âgées s’occupent d’enfants, renforcent les communautés et apportent une aide économique à leurs enfants et petits-enfants. Une étude réalisée au Royaume-Uni a montré que les contributions des personnes âgées - impôts, dépenses et autres - dépassaient de plus de 50 milliards de dollars (US $) l’ensemble des sommes dépensées pour elles - retraites, protection sociale et dépenses de santé conjuguées».   Note: Nous avons choisi d’aborder la question de l’âgisme via les discriminations envers les personnes âgées, la discrimination envers les jeunes pourrait faire l’objet d’un dossier à part entière.

Dossier réalisé par Juliette Bossé, secteur communication  

[1] www.24heures.ch, 23/09/2019. [2] L’Organisation mondiale de la santé a mené un sondage auprès de plus de 83 000 personnes âgées de plus de 18 ans dans 57 pays de toutes catégories sociales confondues. [3] Service public indépendant de lutte contre la discrimination et de promotion de l’égalité des chances. [4] OMS. [5] www.24heures.ch  

juin 2019

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