Les élèves francophones parmi les plus bagarreurs d’Europe ?

Mercredi 20 avril 2016

L’OMS, qui sonde tous les quatre ans la santé des enfants en âge scolaire dans 42 pays, vient de publier son rapport. Pour la Belgique francophone, les résultats sont contrastés. Côté pile, les jeunes fument moins, boivent moins et se protègent davantage lors des rapports sexuels. Côté face, les élèves francophones aiment moins l’école que les autres jeunes européens et, surtout, ils sont particulièrement violents.     Les élèves belges francophones seraient parmi les plus violents d’Europe. Ils sont aussi ceux qui aiment le moins l’école. A 11 ans, 45% des filles et 37% des garçons se sentent encore heureux à l’école, mais cette proportion dégringole quatre ans plus tard avec seulement 24% des filles et 22% des garçons qui s’y sentent bien. La Fédération Wallonie-Bruxelles se retrouve ainsi au bas du classement, 38e sur 42 dans l’enquête HBSC (Health Behaviours in School-aged Children) menée sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé. Cette enquête repose sur des questionnaires soumis à 220 000 élèves de 11 à 15 ans, issus de 42 Etats ou régions européens (le Canada fait aussi partie de l’étude). Tout aussi interpellant : les chiffres sur la violence à l’école. Les Belges francophones sont, cette fois, en haut du classement des élèves les plus bagarreurs. Les filles occupent même la première place du podium quel que soit leur âge! A onze ans, 36% des garçons et 11% des filles disent avoir été impliqués « dans un combat physique » au moins trois fois au cours des douze derniers mois. Les ados francophones font preuve de deux fois plus d’actes de violence que les jeunes Flamands. La Flandre fait partie des cinq pays ou régions les moins violents à cet égard. Comment expliquer ces chiffres ? Selon le professeur Isabelle Godin (ULB) qui a dirigé l’étude HBSC pour la Belgique francophone[i] , l’une des explications pourrait être le manque d’activités physiques. Les jeunes de la FWB ne sont que 15% à pratiquer l’équivalent d’au moins une heure d’activité physique au quotidien. Ils sont aussi particulièrement « accros » aux écrans (télé ou net), plus en tout cas que la moyenne européenne. Les deux tiers des jeunes en secondaire passent au moins deux heures par jour devant la télévision. Certains élèves passent plus de sept heures quotidiennes devant un écran. Ils dorment mal également. Les jeunes francophones font partie des quatre pays où les difficultés d’endormissement sont les plus grandes. Le manque de sommeil, le manque d’activité physique, cumulés peut-être avec un stress élevé suscité par une pression scolaire excessive, pourraient expliquer qu’à la moindre contrariété, ces élèves réagissent par la violence physique. Par comparaison à la Flandre, ces chiffres montrent en tout cas un besoin d’actions spécifiques de la part des pouvoirs publics francophones. Tabagisme en baisse Le temps passé devant la télévision, les difficultés d’endormissement sont, avec la déclaration de symptômes psychologiques et somatiques, très inégalement répartis chez les jeunes en fonction de leur niveau d’aisance matérielle. Les inégalités sociales ont bien sûr un impact sur d’autres comportements, comme la consommation de drogues, d’alcool, de tabac, la protection contre les maladies sexuelles et contre le sida. Globalement pourtant, l’étude HBSC pointe des améliorations dans les attitudes des jeunes francophones en matière de santé. Le tabagisme est au plus bas depuis 20 ans avec seulement 9% de fumeurs réguliers. Même chose pour la consommation d’alcool, après des années d’aggravation continue. La proportion d’adolescents qui ont été au moins une fois ivres dans l’année diminue de 30 à 24% en quatre ans. Contrairement au tabac et à d’autres drogues, la consommation excessive d’alcool est plus présente chez les jeunes qui vivent dans des familles aisées. On notera que la diminution de la consommation d’alcool et de tabac chez les ados est générale dans les pays européens occidentaux. Enfin, les jeunes francophones se distinguent positivement des autres pays dans leur consommation de fruits et de légumes. Ils figurent à la troisième place dans le classement international pour la qualité de leur alimentation. Plus de la moitié en mangent tous les jours, la progression est sensible et constante depuis 2002. Les actions menées par les pouvoirs publics pour manger plus sainement dans les cantines scolaires notamment semblent porter… leurs fruits. Il reste à éviter les châtaignes en cour de récréation.   [i] Voir Le Soir du mercredi 16 mars

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