Élections communales : une place pour les jeunes, svp !

Jeudi 20 décembre 2012

Le 14 octobre prochain, les électeurs et les électrices sont appelés à renouveler les conseils communaux. La Commune est le niveau de pouvoir le plus proche des citoyens. A ce titre, les politiques communales ont un impact important sur la vie quotidienne de nos concitoyens. C’est également vrai pour les jeunes et leurs parents. Les communes s’occupent, en effet, directement :
  • de l’accueil des tout petitsdans les crèches ;
  • de l’organisation de l’enseignementfondamental, secondaireet supérieur ;
  • de l’accueil extra-scolaire ;
  • de l’aide sociale ;
  • de l’intégration et de la cohésionsociale.
Or, aujourd’hui, de multiples signaux nous avertissent que « faire une place aux jeunes » doit être au coeur du projet politique des communes wallonnes et bruxelloises durant les prochaines années. L’évolution démographique du pays a pour conséquence directe que les moyens font défaut pour assurer localement un accueil de qualité de tous les jeunes :
  • les crèches manquent de places ;
  • les bâtiments scolaires sont trop exigus, à court terme dans les classes maternelles et primaires bruxelloises, mais bientôt également dans le secondaire ;
  • les écoles de devoirs et les associations qui animent des activités extrascolaires ne peuvent accueillir tousles jeunes faute de place et d’encadrement.
La situation est compliquée par d’autres phénomènes qui touchent directement les professionnels chargés de l’accueil et de la formation des jeunes, tels la pénurie d’enseignants, l’adaptation de la formation des futurs enseignants aux réalités actuelles, le manque de moyens chronique des écoles de devoirs et des autres structures qui accueillent les jeunes en dehors du temps scolaire. Pour cette raison, à l’occasion de la rentrée scolaire et à la veille des élections communales, la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente, asbl, considère que l’accueil des jeunes devra se trouver au coeur du projet politique des communes pendant les six prochaines années.

Accueil de la petite enfance Constats :

Malgré les nombreux efforts déjà consentis par la Fédération Wallonie - Bruxelles (Plans Cigogne 1 et 2) et les Régions (les Plans crèches de la Région de Bruxelles- Capitale), les places pour les enfants de 0 à 2,5 ans continuent à manquer. Que constate-t-on ?
  • L’objectif d’une couverture de 33% n’est pas atteint ;
  • Le déficit de places concerne au premier chef les populations des communes les moins favorisées en Wallonie comme à Bruxelles ;
  • L’offre ne correspond pas toujours adéquatement aux besoins nouveaux liés à la flexibilité du marché de l'emploi (emplois précaires, à temps partiel, à durée indéterminée) et à la précarité grandissante d’une partie de la population (dont l’intégration passe, par exemple, par des cours d’alphabétisation ou des formations en insertion socioprofessionnelle).
Recommandations : En conséquence, la Ligue soutient les efforts déjà consentis par les pouvoirs publics et recommande :
  • de renforcer encore le nombre de places pour atteindre au minimum un taux de couverture effectif de 33% dans toutes les communes et tous les quartiers de la Fédération de Wallonie - Bruxelles d’ici à 2018 (à Bruxelles, un effort particulierdoit être fait dans le « croissant pauvre » ; en Wallonie, dans les sous-régions les moins bien pourvues) ;
  • de diversifier l’offre en renforçant, à côté de l’offre classique correspondant aux critères de l’ONE, les formules plus souples (tarification, temps d’accueil, conditions d’accès, etc.) proposées, par exemple, par les maisons d’enfants et les haltes garderies, en s’appuyant sur l’expérience des communes en matière de développement de quartier, depolitiques d’insertion sociale et professionnelle ou de cohésion sociale ;
  • un effort accru des communes pour créer des nouvelles places, soit dans les institutions communales déjà existantes, soit en créant de nouvelles infrastructures, pour accueillir les enfants à proximité de leur lieu de vie et en tenant compte de la situation socioéconomique des familles.
En Région bruxelloise, la Ligue soutient, par ailleurs, le projet du Ministre-Président Charles Picqué de créer un observatoire de la petite enfance chargé d’une mission de collecte et de traitement des informations, mais aussi de coordonner les différents organes qui interviennent dans l’accueil de la petite enfance.

Accueil des jeunes de 3 à 18 ans

Constats : Malgré les efforts déjà consentis par la Fédération Wallonie - Bruxelles (Plan de Construction et de  Rénovation des Bâtiments scolaires en octobre 2010 ; Accord de coopération entre la FWB et la Région wallonne), la Région wallonne et la Région de Bruxelles - Capitale (le Plan Écoles en mai 2011), les places dans les écoles de l’enseignement fondamental et secondaire continuent à manquer. Que constate-t-on ?
  • Il est encore nécessaire de créer plus de 12 000 places dans le fondamental d’ici 2020 à Bruxelles. A cette date, l’essor démographique jouera à plein dans le secondaire par un effet mécanique. A l’horizon 2020, ce sont près de 10 000 places dans le secondaire qui manqueraient également. Il est à noter que la pénurie de places touche également plus directement les quartiers dont la population est la moins favorisée, renforçant ainsi l’inégalité des chances ;
  • Suite à l’arrêt de la Cour constitutionnelle du 24 mai 2012 annulant le Plan Écoles de 2011, les initiatives de la Région de Bruxelles-Capitale sont en panne ;
  • Ces problèmes liés à la surpopulation dans les écoles sont décuplés par d’autres problèmes qui pèsent lourdement et contribuent à dégrader les conditions d’accueil des jeunes : la pénurie d’enseignants, l’échec scolaire, la fragilité du soutien extrascolaire.
Recommandations : En conséquence, la Ligue soutient les projets déjà mis en oeuvre par les pouvoirs publics et recommande :
  • de reprogrammer d’urgence, en collaboration avec la FWB et la Région de Bruxelles Capitale, un nouveau « Plan Écoles » ambitieux pour Bruxelles, qui planifie la création de nouvelles places dans le fondamental et dans le secondaire, d’ici à 2020, et qui associe étroitement les communes à la concrétisation des nouvelles places ;
  • de mener, dans chaque commune, une politique dynamique de recrutement de jeunes enseignants et d’accueil de ces derniers dans leur nouveau milieu de travail ;
  • d’améliorer l’information des élèves du secondaire sur les possibilités ouvertes par l’enseignement supérieur pédagogique ;
  • de rétablir dans les écoles des études dirigées et d’améliorer le financement des écoles de devoirs. Au niveau de  chaque commune, de renforcer la collaboration entre les établissements scolaires et les écoles de devoirs afin de  contribuer à l’égalité dans les chances de réussite.
Le Bureau exécutif de la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente, asbl

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