La Finlande sur la voie de l’ « enseignement phénomène »

Lundi 2 mai 2016

Souvent citée comme un pays en pointe sur les questions d'éducation, la Finlande est en passe de modifier en profondeur la manière d'enseigner aux élèves d'Helsinki. La nouvelle approche prévoit de remplacer les disciplines traditionnelles par une liste de thèmes transversaux.
Depuis des années, la Finlande est considérée comme l'un des pays ayant le système scolaire et éducatif le plus performant du monde. C'est d'ailleurs un des pays les mieux notés dans le classement PISA (Program for International Student Assessment). Politiciens et experts en éducation viennent du monde entier dans l’espoir de trouver la recette miracle de ce système éducatif. Aujourd'hui, une nouvelle formule d'enseignement est donc en train d'y voir le jour. La méthode transversale est déjà expérimentée dans certains établissements de la capitale auprès d'élèves du secondaire âgés d'au moins 16 ans. Mais le projet éducatif va plus loin puisqu'il prévoit également de faire participer davantage les élèves, en les regroupant en petits groupes de réflexion pour résoudre des problèmes. Les Finlandais appellent ça "l'enseignement phénomène" mais on peut l'appeler plus sobrement l'"enseignement par sujets". En filière professionnelle, par exemple, il est possible de trouver un cours consacré aux services de restauration, afin d'acquérir et de mobiliser des notions de mathématiques, de langues, de rédaction et de communication. En filière générale, des cours consacrés à l'Union européenne permettent d'assimiler des notions d'économie, d'histoire, de géographie ou de langue. Selon ses promoteurs, cette méthode est mieux adaptée à notre époque. Le 21e siècle a besoin d'un genre différent d'enseignement qui prépare mieux les jeunes à la vie active. Si cette réforme qui consiste à enseigner des matières "par sujets", plus multidisciplinaires, a bien lieu, elle ne remplacera toutefois pas tous les autres cours. Dans le nouveau système prévu pour 2016, toutes les écoles, pour les élèves entre 7 et 16 ans, devront avoir au moins une période dédiée au "pluridisciplinaire" dans leur programme. À Helsinki, cela est déjà en place, à raison de deux périodes par an. De manière générale, c'est à l'école que reviendra la décision d'ajouter une ou deux périodes de plusieurs semaines de ce type d'enseignement à leur programme.

Une approche plus collaborative

Les matières scolaires ne sont pas la seule chose que la Finlande veut voir évoluer dans son système. La manière d'enseigner va elle aussi changer. Généralement, les étudiants sont assis dans la classe, à écouter leur professeur et à attendre d'être interrogés. Le système finlandais veut mettre les élèves à contribution, en instaurant une approche plus collaborative, notamment en les faisant travailler en petits groupes pour résoudre des problèmes tout en améliorant leurs compétences communicationnelles. Le projet lancé à Helsinki n'est pas encore adopté ni  généralisé. Marjo Kyllonen, directrice de l'éducation d'Helsinki, devait présenter son plan de changement au conseil national de l’Education à la fin du mois de mars. Pour elle, "ce n'est pas seulement Helsinki, mais l'ensemble de la Finlande qui doit faire place à ce changement. Nous avons besoin de repenser notre enseignement et de redessiner notre système, pour préparer nos jeunes à leur futur en leur transmettant des compétences utiles pour aujourd'hui et demain. Nous avons besoin d'un enseignement qui convient au 21e siècle."[1] Les premières données issues des écoles qui ont adopté l'apprentissage transversal montrent que les étudiants en tirent des bénéfices. Depuis l'instauration de la nouvelle méthode, les résultats s'améliorent. Environ 70 % des enseignants des écoles secondaires de la ville ont déjà été formés à cette nouvelle méthode d'enseignement. Marjo Kyllonen espère que son plan de réforme sera mis en place dans toutes les écoles du pays d'ici 2020. Reste à convaincre tous les professeurs, plutôt formés dans une approche classique. Une prime est évoquée, si besoin, pour encourager les volontaires. Valérie Silberberg, responsable du secteur Communication Sources : http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/la-finlande-veut-enseigner-des-sujets-a-l-ecole-et-non-plus-des-disciplines_856057.html [1] Le Vif/ L’Express, 23 mars 2016.

Du même numéro

Articles similaires