Les événements de Paris, au-delà de l’horreur et de la compassion pour les victimes et leurs proches, quand l’émotion retombe, se pose la question : que faire ?
Le politique prend ses responsabilités, les médias informent et suscitent la réflexion en relayant parfois des réactions nauséeuses à l’image du sinistre Zemmour ; l’enseignement lui, que peut-il, que doit-il faire ?
La confirmation que l’enseignement et l’éducation sont des priorités absolues apparaît comme une évidence, non seulement par l’école mais aussi par tous les acteurs d’une société démocratique, avec en tête les parents : les parents en relation avec l’école, bien au-delà des conseils de participation qui ont démontré leur inefficacité et dont le rôle est minime.
Mais cela ne suffit pas !
Il est plus qu’urgent que les jeunes dans les écoles soient éduqués à la philosophie, à l’éthique, à la citoyenneté en plus d’une formation de base solide.
Il y a urgence et une nécessité absolue pour la société et les mentalités d’évoluer pour intégrer les jeunes issus de l’immigration qui sont belges et leur donner une chance de profiter du fameux « ascenseur social » ; il faut les éduquer pour qu’ils aient un esprit critique et une connaissance réelle de la société dans laquelle ils sont appelés à vivre et qu’ils participeront à construire ; il faut tout faire pour qu’ils s’intègrent tout en gardant ce qui fait leur personnalité : leurs orientations philosophiques, leur culture d’origine, ... en somme abolir toute discrimination. L’école actuelle fait tout ce qu’elle peut pour réaliser cet idéal, mais est-elle vraiment aidée dans cette mission prioritaire ?
La société à laquelle je viens de faire allusion se doit d’être évidemment démocratique mais aussi pluraliste et interculturelle où toutes les différences sont admises : religieuses, philosophiques, de genres, d’ethnie...
Et par voie de conséquence, ce pluralisme doit être déjà de règle à l’école : si le projet de l’enseignement pluraliste porté par la Ligue dans les années 70 est loin d’aboutir, il est urgent d’installer un cours d’éducation philosophique, éthique et citoyenne (EPEC) unificateur qui remplace les cours qui divisent c’est-à-dire les cours philosophiques actuels. Le fait d’organiser une période de cours d’EPEC est déjà un résultat, mais il est insuffisant ! Il faut avoir un cours d’EPEC à 2 périodes par semaine pour tous les réseaux unifiés dans un réseau unique et pluraliste. L’accord qui constitue à diviser les réseaux actuels quant à l’instauration du cours d’EPEC dans l’enseignement officiel et un traitement différent pour l’enseignement libre est scandaleux : quelle est la position du Service général d’Inspection par rapport à sa mission d’inspection d’une matière qui sera « saupoudrée » dans tous les cours... ?
Ce réseau pluraliste doit être attirant, source d’espérance pour les jeunes désespérés, en connexion avec une société accueillante et prête à accepter de manière absolue la diversité de ceux qui la composent assumant ainsi son aujourd’hui et son demain.
Utopie ? Le monde a engendré beaucoup d’utopies qui se sont réalisées...
Vivre ensemble ? Nous le désirons fermement, mais si nous ne faisons rien et laissons les choses en l’état, ce « vivre ensemble » risque bien de devenir le « mourir ensemble »...
« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » (Martin Luther King)
Roland Perceval, président de la Ligue