Enjeux démographiques et financiers à venir en matière d'éducation

Mardi 18 juin 2019

Ce mardi 18 juin, une double page du journal Le Soir est consacrée aux constats tirés d’une étude de l’Université de Namur sur la dette de la Communauté française.

« En 2017, la Fédération Wallonie-Bruxelles a consacré 7,8 milliards d’euros à l’éducation (tous niveaux confondus), ce qui correspond à une augmentation de 71% par rapport à 1999 », affirme Julien Nicaise, l’administrateur de l’Ares (la Fédération de l’Enseignement Supérieur). La Communauté française a dû faire face, notamment à l’augmentation démographique du nombre d’élèves et d’étudiant·e·s : +11,5% entre 1998 et 2017. D’autre part, elle a dû renforcer encore davantage l’encadrement en engageant des enseignant·e·s supplémentaires (11%). Par ailleurs, elle a également augmenté les subventions de fonctionnement de ses écoles et les salaires des membres du personnel dont notamment le rattrapage des salaires des enseignant·e·s de maternel et du primaire sur ceux des régents. Malgré cette augmentation, essentiellement dans le fondamental, le secondaire et le spécialisé, l’enseignement supérieur a, pour sa part, été délaissé, estime l'administrateur de l'Ares. « L’enseignement supérieur n’est pas moins doté qu’auparavant, mais le nombre de jeunes qui le fréquentent a explosé… dans une enveloppe (presque) fermée depuis 20 ans ». On sait déjà que 40.000 étudiant·e·s supplémentaires sont attendu·e·s dans les universités et les hautes écoles en Belgique francophone d’ici 2030, soit entre 20 et 25% de plus qu’actuellement.

Augmentation démographique

Les perspectives démographiques prédisent une augmentation globale du nombre d’élèves dans l’enseignement francophone, en ce compris les étudiant·e·s, de l’ordre de 5 à 7% supplémentaires d’ici 2030. A ce sujet, Julien Nicaise affirme que le coût direct devrait se chiffrer à hauteur de 200 millions d’euros supplémentaire par an. « Il faudra financer leur encadrement, tant logistique que pédagogique. Pour y parvenir, il faudra recruter entre 4.000 et 5.000 enseignants supplémentaires par rapport à aujourd’hui. A titre illustratif, à l’heure actuelle, parmi les nouveaux enseignants du secondaire supérieur qui sont recrutés pour certains cours, près de la moitié ne possèdent ni le titre jugé requis ni le titre jugé suffisant pour pouvoir enseigner ». Encore faudra-t-il que le métier d’enseignant·e éveille des vocations, interroge Le Soir.

Au sujet du coût du Pacte

L’impact financier de la réforme du Pacte pour un enseignement d’excellence est évalué à 165 millions d’euros en 2019, 228 millions en 2020, 255 millions en 2021, 285 en 2022, 299 en 2023 et 306 millions en 2024. Pour la Communauté française, il s’agit là d’un investissement pour lequel les effets retour sont attendus dans la deuxième moitié de la prochaine décennie. En allongeant le tronc commun, la facture devrait baisser de 40 millions d’euros dès 2029 puisque la réduction des options du qualifiant « rapporterait » en théorie entre 40 et 50 millions. La baisse du redoublement pour sa part, devrait « rapporter » entre 50 et 60 millions d’euros.

Solutions financières

Ce qui attend la Communauté française en termes d’investissements est colossal. En fin d’article, l’administrateur de l’Ares Julien Nicaise rappelle que la dette de la Fédération Wallonie-Bruxelles a plus que doublé sur 20 ans et qu’il serait donc hasardeux de continuer, pour la Fédération, à recourir à l’emprunt de manière excessive. En guise de solution, Il évoque l’idée de faire appel à un soutien extérieur des régions notamment ou de l’Europe ou encore, de recourir à un refinancement des entités fédérées par le fédéral. Cette dernière piste supposerait une réforme de l’État et donc des discussions avec le nord du pays. Fort à parier que la Fédération opte plutôt pour des choix privilégiés à faire à l’intérieur des enveloppes actuelles.

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