Cours philosophiques et/ou cours de citoyenneté?

Lundi 2 mars 2015

La problématique des cours philosophiques et du cours de citoyenneté est à l’ordre du jour. La Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente souhaite faire connaître sa position en cette matière. Depuis sa création, il y a  150 ans, la Ligue se bat pour renvoyer dans la sphère privée les cours de religion, estimant qu’ils n’ont pas leur place à l’école. Cette position n’a pas changé. Mais de l’eau a coulé sous les ponts : le pacte scolaire a été signé en 1958, pacte auquel la Ligue a toujours été opposée. Aujourd’hui, l’urgence de mettre le « vivre ensemble » au centre des préoccupations conduit à envisager les cours philosophiques sous une autre forme. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut changer quelque chose pour lutter contre deux problèmes majeurs :
  • les cours philosophiques divisent les élèves plutôt que de les rassembler, soit à l’intérieur de l’école dans l’enseignement officiel, soit dans la société belge pour l’enseignement confessionnel.
  • il est inadmissible que l’école officielle soit la seule institution de la société où l’on demande aux élèves et leurs parents de se déterminer philosophiquement ; cette situation est intolérable.
Deux positions se présentent à la Ligue :
  • l’une de principe : la Ligue demande la suppression des cours philosophiques pour tous les élèves, quel que soit le réseau et leur remplacement par un cours de philosophie, de citoyenneté et d’histoire des religions et de la pensée  qui reste à élaborer (2 périodes/semaine). C’est évidemment la position que nous appelons de tous nos vœux.
  • l’autre, pragmatique, dans le cadre de ce qui est proposé aujourd’hui, c’est-dire 1 période de cours philosophiques (religions – catholique, protestante, islamique, judaïque, orthodoxe –, morale laïque) et 1 période de cours de citoyenneté à élaborer. Pour ce dernier, il importe de définir son statut : pour la Ligue, il doit être un cours comme tous les autres cours (à l’exception du seul cours philosophique restant) et donc soumis aux dispositions du Décret « Missions » afférentes à ces cours.
Dans la deuxième hypothèse, la Ligue demande que :
  • le système soit d’application de la même manière dans tous les réseaux
  • le cours philosophique à 1p/sem garde le statut des cours philosophiques actuels (enseignants proposés par l’autorité religieuse sauf pour le cours de morale)
  • le cours de citoyenneté à 1p/sem devient un cours obligatoire pour tous les élèves et prend le statut de tous les autres cours (histoire, mathématique, français,...)
  • il s’ensuit de ce statut que le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles doit voter un référentiel de compétences commun pour tous les réseaux, comme il l’a fait pour tous les autres cours suite aux prescrits du Décret « Missions » de 1997. Ce référentiel est élaboré par un groupe de travail interréseaux dont la composition est fixée par arrêté du gouvernent de la Fédération Wallonie-Bruxelles après avoir pris l’avis du Conseil Général de Concertation.
  • une fois ce référentiel adopté par le Parlement (étape particulièrement importante en raison de la responsabilité parlementaire en ce domaine), chaque Pouvoir organisateur ou réseau est chargé d’élaborer un programme en accord avec ce référentiel.
  • chaque programme devra ensuite être soumis à la Commission des Programmes constituée à cet effet et accepté par le(la) Ministre.
  • le Service général de l’Inspection est chargé de vérifier l’organisation de ce cours ainsi que le respect du programme.
La Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente estime que c’est la seule manière d’assurer la neutralité de ce cours et l’organisation équilibrée entre les réseaux. Le « vivre ensemble » ne peut absolument pas, à l‘école, se baser sur la ségrégation, mais bien sur le rassemblement autour des socles communs à tous, quel que soit le réseau. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » Roland Perceval, Président 10.02.2015  

Du même numéro

Articles similaires